Peut-on assainir l’eau de pluie ou de mer pour la boire ?

Face aux défis immenses liés à l’eau potable et à la gestion globale de cette ressource essentielle, une question se pose avec une urgence croissante : est-il possible de rendre l’eau de pluie ou de mer propre à la consommation humaine ? Les statistiques actuelles dressent un tableau préoccupant : en 2012, on estimait que 85 à 90 % des eaux de surface étaient inexploitées, se perdant sans aucune utilisation. En 2015, seulement 2% de l’eau consommée provenait du dessalement. Ces chiffres mettent en lumière un paradoxe frappant : alors que près de 70% de la surface terrestre est recouverte d’eau, 97% de cette eau se trouve dans les mers et les océans, la rendant naturellement impropre à la consommation directe. De plus, moins de 1% de l’approvisionnement en eau sur Terre est actuellement utilisable comme eau potable.

Cette réalité est d’autant plus alarmante que la quantité d’eau disponible sur notre planète reste constante, tandis que la population mondiale continue de croître. Selon l’Organisation des Nations Unies, entre 1,5 et 1,7 milliard de personnes n’ont aucun accès à l’eau potable, et plus de trois milliards utilisent une eau non traitée, entraînant la mort de 30 000 personnes par jour. Ces chiffres soulignent l’urgence de trouver des solutions innovantes et durables pour assainir et utiliser efficacement les ressources en eau, notamment l’eau de pluie et de mer, afin de répondre aux besoins vitaux de l’humanité.

Est-il légal de consommer l’eau de pluie en France ?

En France, il est légal de collecter et d’utiliser l’eau de pluie pour certains usages, tels que l’arrosage des jardins, le lavage des voitures, ou encore l’alimentation des toilettes et des systèmes de lavage, mais sa consommation en tant qu’eau potable est soumise à des restrictions strictes.

La loi française interdit strictement de consommer l’eau de pluie. En effet, l’eau de pluie collectée n’est généralement pas considérée comme potable en raison des risques de contamination par des polluants atmosphériques ou des matériaux de la toiture. Pour rendre l’eau de pluie potable, elle doit subir un traitement approprié pour éliminer les contaminants et être conforme aux normes de qualité de l’eau potable. Ce processus de traitement est complexe et doit être validé par les autorités sanitaires locales.

Purifier et épurer l’eau de pluie

Rendre l’eau de pluie potable est donc un processus complexe, qui demande de lourds investissements.
Pourtant, l’eau de pluie, une ressource naturelle abondante, peut être une excellente source d’eau potable si elle est correctement collectée et traitée. Voici comment transformer l’eau de pluie en eau potable en étapes.

1. Collecte de l’eau de Pluie

  • Surface de collecte : utilisez une surface propre, comme un toit. Évitez les matériaux toxiques ou ceux qui pourraient dissoudre des substances nocives dans l’eau.
  • Système de gouttière : assurez-vous que les gouttières sont propres et sans débris. Installez des gardes de gouttière pour empêcher les feuilles et autres débris d’entrer dans le système.

2. Stockage de l’eau

  • Réservoir de stockage : utilisez un réservoir propre, de préférence en matériau non toxique comme le béton ou le plastique alimentaire. Les citernes doivent être opaques pour éviter la croissance d’algues.
  • Protection : assurez-vous que le réservoir est bien couvert pour empêcher les insectes, les animaux et les contaminants extérieurs d’y entrer.

3. Première filtration

  • Filtre à sédiments : installez un filtre à sédiments (25 microns) pour éliminer les particules plus grosses comme les feuilles, la saleté et autres débris.

4. Traitement secondaire

  • Filtre à charbon actif : utilisez un filtre à charbon actif pour éliminer les contaminants chimiques, les odeurs et les goûts désagréables.
  • Filtre à sédiments fin : un filtre à sédiments de 5 microns peut être utilisé après le filtre à charbon pour une filtration supplémentaire.

5. Désinfection

  • Lampe UV : une lampe de traitement UV est efficace pour tuer les bactéries et les virus. Assurez-vous que l’eau est claire avant cette étape, car les particules peuvent protéger les micro-organismes de l’UV.

6. Filtration avancée

  • Microfiltration : ce système inclut un pré-filtre de 5 microns, un filtre céramique (moins de 1 micron) et un filtre de charbon actif.
  • Osmose inverse : un système d’osmose inverse utilise une membrane synthétique pour filtrer les bactéries, les virus, les micropolluants et la majorité des sels minéraux.

7. Maintenance et Surveillance

  • Nettoyage régulier : entretenez régulièrement les gouttières, les filtres et le réservoir.
  • Tests de qualité de l’eau : effectuez des tests périodiques pour les contaminants microbiologiques et chimiques.

Et l’eau de mer, peut-on la rendre potable pour la boire ?

Oui, il est possible de rendre l’eau de mer potable, mais cela nécessite des processus de purification spécifiques pour éliminer le sel et d’autres impuretés. Les deux méthodes principales utilisées pour cela sont le dessalement par osmose inverse et la distillation.

  1. Osmose Inverse : c’est la technique la plus couramment utilisée pour le dessalement de l’eau de mer. Elle implique de forcer l’eau de mer à travers une membrane semi-perméable qui retient les sels et laisse passer l’eau douce. L’osmose inverse nécessite une quantité significative d’énergie et des équipements spécialisés, mais elle est efficace pour produire de l’eau potable à partir de l’eau de mer.
  2. Distillation : cette méthode implique de faire bouillir l’eau de mer et de condenser la vapeur pour obtenir de l’eau douce. La distillation sépare l’eau des sels et d’autres impuretés. Comme l’osmose inverse, la distillation peut être coûteuse en termes d’énergie, mais elle est une méthode éprouvée pour obtenir de l’eau potable à partir de l’eau de mer.

Ces processus sont utilisés à grande échelle dans de nombreuses régions du monde, en particulier dans les zones arides où l’eau douce est rare. Cependant, le dessalement a des inconvénients, notamment son coût élevé, sa consommation d’énergie importante, et les impacts environnementaux liés au rejet de saumure concentrée dans l’environnement marin.

Pour un usage individuel ou en situation d’urgence, il existe des kits de dessalement portatifs qui utilisent l’une ou l’autre de ces méthodes, bien qu’ils soient généralement limités en termes de quantité d’eau produite.

Alexandre Chauvel